La cellule genre revisite les documents stratégiques du ministère du Travail

La cellule genre revisite les documents stratégiques du ministère du Travail

La cellule genre du Ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions a vient d’organiser un atelier d’analyse genre des documents stratégiques du département éponyme.

L’objectif visé était de passer en revue sous l’angle de la prise en compte du genre les documents suivants : la lettre de politique sectorielle (LPS), le Document de programmation Pluriannuelle Budgétaire (DPPB), les Projets Annuels de Performance (PAP) des différents programmes, les documents de politique sectorielle comme la Politique Nationale de santé et de Sécurité au travail (PNSST).

Cet atelier s’est déroulé en deux phases. D’abord, du 11 au 13 octobre avec les membres de la cellule genre, ensuite du 13 au 16 octobre avec les inspecteurs régionaux du travail.

Ce qui était attendu des participants était d’abord d’apprécier la prise en compte du genre dans ces documents et ensuite de formuler des propositions d’intégration de la dimension genre lors de leur révision.

Le facilitateur, Monsieur Socé Sène, par ailleurs directeur de l’Institut Genre, a utilisé une approche originale pour captiver l’attention des participants et avoir leur implication active pendant tout le déroulement de l’atelier. De manière méthodique, il a à l’entame de la rencontre justifié l’utilité de  son organisation et la pertinence du programme proposé car le sujet est d’une brulante actualité dans tous les continents.

Ce sont deux documents de référence qui ont servi à camper le décor de la situation du genre au Sénégal. Il s’agissait du Plan Sénégal émergent et de la Stratégie Nationale pour l'Egalité et l'Equité de Genre (SNEEG).

 

La présentation du Plan Sénégal émergent était articulée autour de son AXE 2 portant sur le Développement humain : contribuer à réduire les inégalités et à financer de façon efficace et soutenable les programmes de développement humain.

Cette séquence a mis en évidence les inégalités et disparités de genre qui s’observent dans tous les domaines de la vie économique et sociale. Elles touchent tous les secteurs sociaux, ainsi que ceux de la production, du soutien à la production, et du cadre institutionnel.

Il est établi que la répartition traditionnelle des rôles dévolus aux hommes et aux femmes est à l’origine, voire constitue l’une des causes majeures de l’inégalité d’accès des hommes et des femmes aux ressources et à leur contrôle, et au comportement différencié des genres dans l’activité de production.

Mais le Sénégal, malgré ce tableau peu reluisant, peut tirer d’énormes avantages s’il réussit à intégrer l’approche genre à tous les niveaux de la vie sociale et économique. C’est-à-dire amener tous les décideurs à penser genre dans tout le processus de la planification (diagnostic, programmation, budgétisation, suivi et évaluation) des politiques publiques,  

La contribution de la femme dans l’amélioration des conditions de vie dans les ménages n’est plus un secret. L’ « Enquête harmonisée sur les conditions de Vie des Ménages (EHCVM) au Sénégal » de l’ANSD publiée en septembre dernier le démontre à suffisance. Elle révèle en effet, que les ménages dirigés par des femmes sont moins pauvres que ceux dirigés par des hommes : deux personnes sur dix (21,8%) vivant dans des ménages dirigés par une femme sont pauvres contre un peu plus de quatre sur dix (42,7%) pour les ménages placés sous l’autorité d’un homme.

Les femmes par leurs qualités et détermination peuvent donc jouer un grand rôle dans l’amélioration de la situation économique et sociale du pays en général et des ménages en particulier si elles sont bien intégrées dans les circuits de production de richesses.

Voilà assez de raisons pour militer et pour se mobiliser en faveur de l’égalité et de l’équité entre l’homme et la femme au Sénégal, et à tous les niveaux.

 

L’autre présentation a permis aux participants d’aller à la découverte de la Stratégie Nationale pour l'Egalité et l'Equité de Genre (SNEEG), un document de portée nationale qui vise à concrétiser la vision de faire du Sénégal « un pays émergent, sans discrimination, où les hommes et les femmes auront les mêmes chances de participer à son développement et de jouir des bénéfices de sa croissance. » La SNEEG vise la réduction de la pauvreté chez les femmes du milieu rural, tout en valorisant leur rôle et capacité d’action. De plus, la présentation a mis le doigt sur les défis de l’application du genre dans les différents ministères.

 

Ces présentations en guise d’introduction ont permis de susciter l’intérêt des participants pour ce sujet.

Tout au long de l’atelier le facilitateur et son équipe ont donc étayé leurs présentations par des exemples réels d’exécution de projets ou programmes avec un but noble : améliorer les conditions de vie des populations.  Mais hélas, les personnes chargées de les mettre en œuvre ne les ont pas conçus en intégrant l’approche genre et développement . Or pour une égalité totale des sexes d’ici 2030 comme nous invitent les ODD , la budgétisation basée sur le genre ne doit pas être ignorée, car elle aide à l’atteinte d’objectifs spécifiques par la réduction des inégalités entre les sexes surtout dans les secteurs où elles sont les plus élevées.

Parmi les exemples de la non prise en compte de l’aspect genre dans les projets de grande envergure, il y a le cas du projet dénommé " eau pour tous " en République du Congo exécuté en 2013 par une société brésilienne dénommée " Asperbras ".

Comme son nom l’indique, le défi était d’améliorer le taux d’accès à l’eau potable de la population surtout, celle vivant en milieu rural. Mais ce projet d’intérêt public, avait une tare, l’aspect genre n’avait pas été intégré par l’entreprise brésilienne. Au Congo les bornes fontaines de ce projet n’ont pas été conçues avec des élévations à hauteur des reins sur lesquels les femmes qui viennent chercher de l’eau peuvent déposer leurs bassines, de petites élévations devant leur faciliter de poser les récipients une fois remplis d’eau sur leur tête avant de prendre le chemin de leur domicile. Mais les bassines et autres récipients étant à même le sol, il faut presque se mettre à genoux pour mettre les bassines sur les têtes. Ce qui rend plus pénible cette tache essentiellement dévolue à la femme qui a ainsi toutes les peines du monde pour soulever seule la bassine remplie d’eau avant de la poser sur sa tête et la ramener à la maison.

Cet exemple n’était pas un cas isolé. Car des images prises dans des points d’eau au centre du Sénégal ont aussi été projetées pour soutenir l’argumentaire sur la pertinence d’intégrer l’approche genre dans tous les projets de développement.

 

Les photographies des zones d’orpaillage, du Mali, du Sénégal et de la Guinée montrent combien les femmes qui y mènent des activités socio-économiques sont désavantagées par rapport aux hommes du fait de leur constitution physique. Elles ne peuvent pas tirer grand-chose d’une activité comme l’orpaillage en raison des dures conditions de travail qu’exige ce milieu.

L’approche genre et développement se caractérise donc par l’omniprésence du souci d’équité, d’inclusion afin que les hommes et les femmes jouissent équitablement des fruits du développement. Elle vise à donner des chances égales aux hommes et aux femmes bénéficiaires d’un projet, d’une activité.

Le Ministère du Travail du Dialogue social et des Relations avec les Institutions a pu organiser cet atelier grâce à l’appui de le GIZ dans le cadre du projet « Ensemble vers la réforme du Travail » fruit d’un partenariat entre le Sénégal et l’Allemagne.